vendredi 21 avril 2017

La Tour-porche de Schwäbisch Hall et la chapelle Saint-Jean Baptiste

Édifiée sur un promontoire au bord de la rivière Kocher, l'église Saint-Michel domine toute la petite bourgade qui s'est développée autour de la puissante abbaye de Combourg toute proche et au moyen-âge dans le commerce et l'exploitation du sel.

L’église a été consacrée en 1156 par l’évêque de Würtzburg mais ne conserve de la période romane que les massifs premiers étages d'un grand clocher porche qui domine encore plus de sa masse les maisons avoisinantes en raison de la construction du monument sur une éminence.


Le porche est soutenu par un pilier unique assez élégant par sa finesse mais dont les arcatures sembles avoir été abaissée ultérieurement . Il conserve encore un beau chapiteau à motifs géométriques. au pilier a été également ajouté une belle statue gothique d'un Saint-Michel ailé terrassant le dragon.


La partie la plus intéressante du porche est le grand portail ouest avec ses cinq voussures élégantes dépourvues de tout décor à l'exception des quelques décorations sommaires des chapiteaux. Il présente cependant un beau tympan avec une grande croix centrale entourées de rinceaux élégants probablement des sarments de vignes au sommets desquels quatre grappes de fruits s'articulent autour des bras longitudinaux de la croix. Cette décoration rarement utilisée serait peut être une allégorie du Christ et de la vigne ou de l'arbre de vie ou de l'arbre du Paradis.



La sculpture est parfaitement maîtrisée et d'une grande élégance et peut être rapprochée d'autres modèle voisins comme à Murbach en Alsace ou encore Murrhardt ou Rheinau au bord du lac de Constance. Elle s'apparente aussi à d'autres exemples de portails à motifs géométriques et végétaux de l'Italie du nord. Ce tympan datée de 1180 est cependant l'un des plus ancien de ce style dans la région.

Il convient aussi de noter l'importance de la petite ville de Schäbish-Hall qui était située sur la route de pèlerinage pour Compostelle mais était aussi une étape pour un pèlerinage important vers l'abbaye du Mont-Saint-Michel.

A la sortie sud de la ville on peut aussi visiter la modeste chapelle Saint-Jean-Baptiste au pied du monastère de Combourg qui conserve encore sont chevet et un petit clocher roman tardif.





jeudi 13 avril 2017

Murrhardt; une chapelle conçue comme un reliquaire et un beau tympan.

La visite intérieure de cette petite chapelle est assez révélatrice de l'intention des bâtisseurs et de sa destination commémorative. Il semble que celle-ci ait été conçue comme une reliquaire de pierre en l'honneur de Walterich, son fondateur, et pourtant curieusement ce dernier n'a pas été canonisé et la chapelle n'abrite pas sa sépulture..

Ainsi voila un écrin de la sculpture travaillé avec l'ardeur et la finesse d'un véritable reliquaire mais sans les ossements du personnage honoré lequel n'occupait aucune fonction principale au sein de l'Église et n’était pas davantage un martyr ou un bienheureux mais a été seulement  l'objet que d'un culte local. Il existe ainsi un contraste singulier entre le personnage somme toute modeste et la luxuriance du monument qui lui est dédié, d'autant que plusieurs siècle séparent la vie de Walterich et la date de construction de la chapelle.

Il existe ainsi au sein de l'Église médiévale des personnages singulier, faiseur de miracles dont la renommé à franchit les années au point de se voir dédier une monument commémoratif aussi remarquable pour la richesse de sa sculpture



L’ordonnancement intérieur de ce petit temple est particulièrement harmonieux, sa forme carrée est allégée par la voûte centrale dont les nervures en arcs brisés sont  supportés par des piliers d'angle aériens.
La décoration bien que luxuriante est essentiellement végétale ou géométrique à l'exception d'un visage qui apparaît au milieu du feuillage d'un des chapiteaux.



De chaque cote de la courte nef deux belle arcatures polylobées ont été réalisée au dessus d'un banc de pierre à destination des fidèles. L'abside en cul de four est dépourvue de tout décor à l'exception d'une frise qui encadre la fenêtre axiale et fait le tour des murs.




Moins connue, est la présence d'un beau tympan dans l’église voisine dédiée à Saint-Marie à proximité de l'actuelle cimetière et qui ne conserve rien de son passé si ce n'est un magnifique tympan.

De belle facture il semble plus ancien que la chapelle Walterich. En grès vert il représente l'Agnus Dei dans un cercle avec une dédicace gravée en latin et en grec. Dans un autre cercle plus petit est figurée un personnage féminin avec une inscription en grec " la mère de Dieu". Un troisième cercle lui représente une rose ou une marguerite. Une frise végétale entoure le tympan avec mêles au feuillage une animal peut être un lion et une tête barbue au longs cheveux qui semble souffler de sa bouche les rinceaux de la frise.

 Il existe peut d'équivalent à ce tympan dans la région de la Souabe, il pourrait dater de la seconde moitié du XIIe siècle et peut être rapproché d'autres tympans comme ceux de Rheinau au d'Enkenbach en Palatinat ou celui d'Elisabethenberg.
Si certains éléments de décor sont originaux ainsi que l'emploi du grec; on peut retrouver en Bourgogne quelques sources d'inspirations en particulier dans la sculpture du Brionnais.

samedi 8 avril 2017

Murrhardt une fondation carolingienne et un joyau de l'art roman tardif.

Rien ne laisserait penser que la petite ville de Murrhardt possède un aussi riche passé et deux véritables trésors de l'art roman .
Elle doit son origine à une fondation romaine au IIe siècle lorsque la frontière de l'Empire fut déplacée jusqu'aux bords du Neckar. C'est aux alentours de l'an 750 que fut entreprit la construction d'une première église  par Pepin le Bref. Mais c'est en 817 qu'il est fait mention de son mythique fondateur , un certain Walt Eric ou Walterich qui est présenté comme un fils illégitime de Charlemagne lui-même et dont le nom passa  à la postérité.

L'actuelle église paroissiale ne conserve que peu de trace de son prestigieux passé et à remplacé à la fin du XIIe une vaste église de plan basilical avec une crypte dont il ne reste plus de trace si ce n'est la base des deux tours du chevet oriental qui possèdent encore les deux étages inférieurs de style roman.


L’église fut cependant un haut lieu de pèlerinage en raison de la grande réputation de son fondateur auxquels furent vite prêté des qualités de thaumaturge de son vivant puis bien après sa mort.

C'est sans doute la raison de la construction à coté de l'église de la chapelle Walterich.
Cette petite chapelle est à juste titre considérée comme l'une des plus belle chapelle du roman tardif caractéristique de la sculpture romane de la Souabe. son plan original de forme carrée avec une abside unique possède une décoration particulièrement luxuriante que les restaurateurs du XIXe on fortement reprit. Elle est précédée d'un portail à triple voussures qui occupe presque tout son coté occidental . Au tympan le Christ en majesté.


La partie la plus étonnante est l'abside qui attire l'attention  avec sa décoration monumentale luxuriante .

Quatre robustes piliers en partie basse de l'abside ordonnent la sculpture foisonnante de la partie supérieure . L’encadrement de la fenêtre orientale est particulièrement riche d'un décor végétal et de motifs géométriques d'une réelle  sophistication. Un lion délicatement sculpté trône majestueusement au dessus de la fenêtre axiale tandis qu'un couple de lions sont couchés sur l'entablement comme à Speyer . Deux chapiteaux sculptés d'atlantes et d'un homme entre des serpents parachèvent l'ordonnance de ce tableau sculpté presque miniature et baroque .





Cette chapelle datée de 1230 est encore romane, comme beaucoup d'autres église romanes d'Allemagne et rappellent les église de Königslutter , Brenz, Altenstadt  aux portes de la Bavière et les grandes églises d'Italie du nord . Ce modèle de sculptures aura une grande faveur dans la région comme nous le verrons plus loin.

dimanche 2 avril 2017

Deux églises de la banlieue de Stuttgart; Esslingen am Neckar et Sindelfingen.

Sindelfingen chevet de l'église Saint-Martin


Il ne reste que peu d’éléments de cette ancienne église romane dédiée à l'origine à Saint-Vital ou Vitalis puis à Saint-Denis à Esslingen am Neckar.



Une première église aurait été édifiée au VIIIe siècle dont les fondations sont encore visitables sous l'église actuelle. Mais c'est à la fin du VIIIe siècle qu'un moine, un certain Fulrad provenant de Saint-Denis en France refonda le monastère et sans doute y apporta des reliques de Saint-Denis. Une vaste crypte fut réalisée à partir du IXe siècle pour y accueillir les précieuses reliques des deux Saints. On peut donc imaginer la relative importance du lieu jusqu’à sa reconstruction à partir du XIIe et au début du XIIIe siècle . Il ne reste de la période romane que les deux grandes tours du chevet dans leur partie inférieure qui sont déjà un roman tardif. L'église sera presque intégralement construite en style gothique à partir du XIIIe siècle.

Je partage aussi ici un lien Wikipedia permettant de decouvrir les restes de l'ancienne crypte.

https://de.wikipedia.org/wiki/Stadtkirche_St._Dionys_(Esslingen_am_Neckar)


Plus séduisante est l'église Saint-Martin de Sindelfingen.
Là encore les fondations d'une église du VIIIe siècle on été trouvées au milieu d'un ancien cimetière mais c'est au début de la deuxième moitie du  XIe siècle que fut entrepris la construction de l'église actuelle. C'est à l'impulsion de l'abbaye de Hirsau que le monastère dut son impulsion.


La construction débuta par la réalisation d'une vaste crypte du début du XIe que je n'ai pu visiter et d'une grande église de plan basilical. La haute tour au sud du chevet date de la fin du XII e siècle.

L'église actuelle offre à la visite son vaste chevet à trois absidioles particulièrement harmonieux avec son décor d'arcatures aveugles scandé de fine colonnes avec des chapiteaux cubiques sans décoration.
En dépit de ses rénovations du XIXe cette église reste une des plus anciennes de la régions.

On peut également admirer le réemploi des ferrures d'origine de l'ancien portail occidental.