samedi 29 octobre 2016

Les fresques de Bad-Krozingen.

La petite chapelle Saint-Ulrich doit se découvrir au milieu des maisons cossues et sans caractère de ce gros bourg de Bad-Krozingen. Elle forme aujourd'hui une partie de l'enclos extérieur d'un restaurant où il faut entrer pour en découvrir le chevet carré simple mais qui ne laisse que peu de doute sur l'ancienneté de l'édifice placé prés d'une ancienne source, sans doute lieu de culte bien antérieur.
La petite église daterait en effet de l'époque carolingienne ce que des fouilles récentes en 1993 ont pu démontrer, révélant le petit appareillage d'opus spicatum des murs qui depuis ont été ré-enduits.


Mais c'est le mur intérieur de l'abside carrée qui offre la plus belle surprise aux rares visiteurs. Des fresques découvertes après le second conflit mondial et qui dateraient des tout débuts du XI e siècle et peut être de la fin du X e.

Ces fresques se présentent comme un simple dessin de couleur ocre rouge avec quelques traces d'ocre jaune mais il semble pas qu'il s'agisse d'une esquisse. Je n'ai trouvé que peu de source au sujet de leur commanditaire , mais le seul auteur qui les décrive évoque des similitudes avec les fresques de Reichenau et de Golbach et peut être même d'un lien avec les artistes de l'Italie du Nord et de Lombardie en particulier de Castelseprio et de Mustair, suivant en cela les routes alpines jusqu'au lac de Constance qui est un des grands axe de circulations des marchandises et des hommes dans cette période du Moyen-Âge.

Ces fresques émouvantes, laissent deviner la scène de la décollation de Saint-Jean Baptiste.Sur le tableau de gauche, on devine en particulier son bourreau rengainant son épée.

 Au centre le Christ dans un geste bénissant que rejoint le Saint dans un geste d'imploration. Sur le tableau de gauche on reconnaît le roi Hérode auquel un serviteur porte la tête du supplicié dans un plat. Plus a gauche une grande figure drapée d'un long manteau ou d'une robe est plus difficilement identifiable, s'agit il de Jean-Baptiste ou de Salomé ?


mardi 25 octobre 2016

Saint-Ciriaque de Sulzburg; la plus ottonienne des églises de Foret-Noire .


Cette église du XIe siècle est sans doute une des plus charmante et complète du sud-ouest de l'Allemagne.
La fondation de l'église du monastère à été voulu par l'abbé Birchtilo après une donation impériale de Otton III dont il est fait mention en 993. Bien entendu comme souvent et en raison du peu de recherche et de sources disponibles il ne faut pas confondre la date de la donation et la datation de l'édifice actuel .
 L'église  de plan basilical que l'on découvre aujourd'hui se détache harmonieusement au milieu de son petit cimetière. Elle présente l'originalité d’être presque intacte  en dépit de restaurations fort bien menées en 1964.
Sa seconde particularité est de conserver l'un des plus ancien clocher de la région avec sa triple baie en partie haute.

Le plan intérieur très sobre et lumineux est caractéristique de l'art dit "Ottonien" inspiré des églises carolingiennes et byzantines. Il présente en effet un double chœur, la nef étant fermée par une double abside, plan que l'on retrouvera dans cette découverte du sud de l'Allemagne par exemple à Reichenau.

Ehrenfried Kluckert explique que ce double chœur serait particulier à l'école augustinienne soutien à la fois du Pape dont le trône est orienté à l'est et l'Empereur dont le trône est à l'ouest; la thèse est séduisante.

Je garde de cette visite une impression de charme accentué par le rythme régulier des arcs en plein cintre est des piles massives de la nef plafonnée .



 Le chœur orienté à l'ouest est lui surélevé au dessus dune magnifique crypte en hémicycle d'aspect  rustique avec son unique pilier central. Ce choeur auquel on accede par une volée de marches raides était sans doute réservé aux religieux car il marque franchement la séparation entre la nef et l'abside.



L'on remarquera également des traces de fresques dont les plus originales sont difficilement lisibles et pourraient dater de la première église. Il ne reste que peu de mobilier mais l'église conserve encore une charmante statue de Sainte-Catherine de la fin du Moyen-Age.

mercredi 19 octobre 2016

Sainte-Catherine d'Hugelheim.

Première église outre Rhin de mon périple dans ce Sud-Est de l'Allemagne; la modeste église de Hugelheim est toute proche de celle d'Ottmarsheim mais déjà d'un roman tardif et amplement remaniée.

Il ne reste de l'époque romane que le clocher et le mur sud dont une petite fenêtre haute en plein cintre semble être la marque. Il n'existe que peu de sources aisément accessible pour décrire plus avant cette église et la dater avec précision et je me limiterai à des descriptions sommaires.




La partie la plus intéressante de l'église se situe sous le clocher à l'intérieur ou l'on remarque une modeste et étroite abside percée de petites fenêtres latérales et qui fait aussi office de chœur. L'ensemble parait très rustique et marqué par le style "Ottonien" toujours présent pour une église qui semble dater de la fin du XIIe ou même du début du XIIIe siècle.


On remarquera également le clocher percé au deuxième étage d'une fenêtre double et également les fresque difficilement lisibles et qui semble dater du XIIIe siècle et sont déjà gothique dans leur style.

mercredi 5 octobre 2016

Sainte-Marie d'Ottmarsheim, une réplique de la Chapelle Palatine ou un temple païen ?


C'est sans doute son plan architectural original qui donne à l'octogone d'Ottmarsheim une faveur particulière et ce depuis longtemps . Dés la Renaissance en effet certains lettrés y voient le temple du Dieu Mars et cet édifice sera au centre de nombreuses polémiques et on doit aussi le dire de fantasmes jusqu'à la Révolution où ils sera dessiné, décrit, raconté par de nombreux auteurs avant son abandon quasi complet.
Alors qu'il menace ruine c'est à Prosper Mérimée que l'on doit sa sauvegarde et aussi son immense succès au point d'illustrer quasiment tous les livres généralistes sur l'architecture romane.

La fondation du monastère est l'oeuvre du puissant comte Rodolphe d'Altenbourg qui le dédie à Sainte-Marie et à une congrégation de religieuse de l'ordre de Saint-Benoit.L'édifice est construit au début du XI eme siècle en 1030. les parties les plus anciennes sont des années 1030-1049 avec de nombreux ajouts et reconstructions jusqu'au XVI eme siècle mais qui fort heureusement ne remettront jamais en cause l'harmonie de ses proportions et de son apparence. Cette fondation princière sera au cœur des querelles entre le Saint-Empire et la Papauté depuis qu'en 1049 le pape Léon IX accordera aux moniales la protection du Saint-Siège contre redevance.

Situé au passage d'une route capitale à proximité du Rhin entre le Sundgau; les terres d'empire et la métropole de Bâle et les terres d'Alsace, le monastère sera aussi point de péage qui lui vaudront prospérité et convoitises mais aussi de nombreuses atteintes au cours des multiples conflits qui agiteront la région jusqu'au XV eme siècle.

La visite de l'église prend un sens particulier lorsque l'on traverse la vaste foret des bords du grand fleuve pour découvrir les contours symétrique de l'octogone dont la haute tour se détache des toiture du village. Le tambour de la coupole est coiffé d'un toit en pavillon qui se dégage de la ceinture octogonale du déambulatoire de la tribune.
L'harmonie de l'ensemble est frappante en dépit des adjonctions postérieures et c'est le tambour octogonal qui est le mieux conservé.


Ses faces sont percées de petite fenêtres en plein cintre avec des arceaux en petits reliefs la toiture et le clocher ont été davantage modifiés. La maçonnerie est irrégulière et laisse deviner plusieurs étapes de construction.

On pénètre dans l'église par un porche sombre pour découvrir l'octogone  sous une large coupole qui donne une forte impression de fluidité de l'espace et de répartition équilibrée des masses et des volumes associé à la sobriété du détail qui inspirent la puissance et l'harmonie. La rotonde communique avec les galeries circulaire qui l'entourent sur deux niveaux par des arcades basses . Le plan parait simple avec ses deux octogones concentriques prolongés par un modeste chœur carré . Les hautes fenêtres supérieures sont essentielles à l'harmonie et la luminosité de l'ensemble . Chacune est subdivisée dans le bas par des colonnes en trois arcades et au-dessus d'autres colonnes recoupent le tympan évidé. . Les fûts fortement galbés des colonnes supportent des chapiteaux cubiques sans décoration. L'ensemble peut clairement être attribué au XI eme siècle.




C'est l'historien de l'art Jacob Burckhard , qui le premier, à reconnu dans cette église le modèle de la chapelle Palatine d'Aix-la-Chapelle qui inspira tant de copie entre Rhin et Moselle. Mais le plan de cette église est unique en Alsace.Cette proximité de style  est frappante par le choix du plan et du voûtement mais semble avoir été simplifié elle marque une fois de plus la fascination qu’exerçait sur les bâtisseurs et les fidèles et sur les visiteurs de tous les temps les édifices de plan circulaire inspirés du premier temple voulu par Constantin sur l'emplacement du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Je ne peux m’empêcher ici de partager ce qu'en écrivait les éditions du zodiaque dans le volume consacré à l'Alsace romane;
"Le plan circulaire ou carré satisfait l'esprit , car il évite la dispersion. Il ramène les détails à l'unique point de convergence de l'ensemble".
Je rajouterait que l’édifice permet aussi tous les fidèles à la liturgie sans distinction de rang ou d'appartenance, il rapproche de l'autel et donc du chœur du mystère. Ainsi d'un certain coté la magnificence du plan loin d’éloigner, rassemble et élève dans un curieux sentiment de paix et de grandeur et ce quelque-soient ses convictions.