lundi 6 avril 2015

Valence; le plus " dauphinois " des diocèses de la Drôme et l'église Saint-Jean.

Je termine ce  premier voyage dans la Drôme romane par la découverte de Valence à l'exception de son musée qui fera l'objet d'un prochain billet avant de traverser le Rhône en direction de l'Ardèche .

Valence est au cœur de l'ancien Dauphiné et son territoire entre le Rhône à l'ouest est les Alpes à l'est , la rivière d'Isère au nord reprend les limite du très ancien pays des gaulois Segovellauni . La ville est aussi une fondation romaine ancienne et le siège d'un des plus ancien évêché qui aurait été crée au IIIe siècle avec la venue du prêtre Félix et des diacres Fortunat et Achillée .
La ville occupera depuis le haut Moyen-Âge une place particulière dans la chrétienté avec la tenu d'un concile dans ses murs en 374.
Terre d'Empire jusqu'au XIIIe siècle la ville par sa position privilégiée au carrefour de nombreuses routes commerciales et de pèlerinages , connaîtra une très grande prospérité en particulier à l'époque romane où de nombreuses églises seront construites et auront un  grand rayonnement avant des destructions majeures pendant les guerres de religion .
La ville alors occupées par les protestants verra ses édifices presque entièrement détruit ou très largement dévastés avant que la période révolutionnaire n'ajoute une seconde vague de destructions .

Il ne reste donc plus de l'époque romane que la cathédrale Saint-Apollinaire et l'église Saint-Jean objet de ce billet.

Seul reste de l'époque romane l'imposant clocher-porche à quatre étages en pierre de molasse dont les trois portes d'entrée longtemps murées ont été réouvertes récemment permettant d'y découvrir de nouveaux chapiteaux.

Ce clocher percé sur deux étages de baies jumelles conserve encore des bandes lombardes et des corniches à feuillage . Il est intéressant de remarquer qu'il est un précieux témoin de ce que pouvait être le clocher-porche de la cathédrale voisine entièrement détruit et reconstruit postérieurement .



les portes ont été restaurées plus récemment mais conservent un beau registre sculpté d'origine en particulier les deux têtes de lions des chapiteaux de l'archivolte de la porte ouest, remarquable exemple de la sculpture dauphinoise très marquée par la grande " école viennoise" et que l'on retrouve dans de nombreuses églises de la région.


les autres chapiteaux sont fortement marqués par l'influence antiquisante mais sont de très belle qualité.



Deux chapiteaux cependant possèdent un intéressant décor historié
Sur le premier très effacé serait représenté la scène de Tobie capturant un poisson qu'il chevauche tenant dans sa main ce qui pourrait être un couteau. Sur la face extérieure un personnage difficilement identifiable pourrait être l'Archange Raphaël ou le père de Tobie aveugle se protégeant.
Cette scène se retrouve parfois dans la sculpture romane en particulier à Mozac et elle a aussi une lecture symbolique celle de l'homme ou de l'âme parvenant à maîtriser ses péchés.


Le second chapiteau est également remarquable  et attire le regard par sa qualité.Il représente un personnage dénudé, le corps enchevêtré dans des serpents avec un curieux bec d'oiseau . De sa main gauche il semble retenir l'un d' eux par la mâchoire.
L'interprétation habituelle consisterait à y voir une des multiple représentation de la luxure toutefois le chapiteau précèdent autorise une autre interprétation, car en effet il semble que ce soit davantage un homme qu'une femme qui est en lutte avec les serpents, en outre le geste de retenir l'un deux semble permettre de dire qu'il s'agit encore d'une représentation de la maîtrise du mal par l'homme .

Mais je laisse libre chacun d'apporter sa contribution et renvoie à l'excellent ouvrage de Gérald Gambier paru aux éditions de la Taillanderie sur le "Symbolisme dans l'art roman "


1 commentaire:

  1. Magnifique église. Le commentaire est toujours aussi intéressant. Les images sont de plus en plus belles. Le prochain édifice est attendu avec impatience.
    Michel

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