jeudi 30 avril 2015

Retrospective Avril 2015

Le mois de Mai commence et je partage ici un petit montage de mes belles visites du mois d'Avril en espérant qu'il soit aussi fécond .




samedi 18 avril 2015

Saint-Appolinaire de Valence ; la cathédrale "vigoureuse" .

L'actuelle cathédrale de Valence est "vigoureuse" à bien des titres.

Elle ne peut échapper aux regards par sa position surélevée sur une terrasse dominant le Rhône visible encore de très loin par les voyageurs qui empruntent nombreux la route du sud de la France.

Sa fondation très ancienne est attestée des le IVe siècle dans cette fondation romaine elle même vénérable aux croisements de routes multiples au cœur de l’ancienne ville baptisée par Pline l'ancien
"Valentia" la cité vigoureuse .
L'édifice actuel succède à un groupe épiscopal complexe composé de plusieurs églises toutes disparues et consacré aux Saints Corneille Cyprien et Apollinaire et à la Vierge et conservera dés l'époque carolingienne les reliques de Saint-Apollinaire son évêque au Ve siècle.

Une inscription que nous étudierons plus loin atteste de cette fondation bien que l'église actuelle date essentiellement du XII e date où elle adoptera définitivement le vocable de Saint-Apollinaire.

L'édifice majestueux qui nous est parvenu à toutefois été fortement remanié au XVIIe siècle ensuite des sévères destructions des guerres de Religion qui provoqueront la destruction de son clocher-porche et l'incendie de la nef. Toutefois les restaurateurs du XVIIe entreprirent un travail remarquable de restauration presque " à l’identique" .





L'église actuelle est un imposant édifice aux dimensions impressionnantes de plus de 74 mètres de long et de près de 19 mètres de large, de plan basilical avec une nef à huit travées avec berceaux en plein cintre supportée par seize piliers massifs .

Ce qui marque tout d'abord est le vaste chevet du déambulatoire qui est exceptionnel car le seul connu de ce département avec quatre chapelles rythmées de demi-colonnes engagées et de pilastres, surmontés de chapiteaux corinthiens .



Les bras du transept forment chacun une seule travée très large et l'ensemble confère à l'édifice une grande impression de force et de majesté, impression renforcée par la visite de l’intérieur de l'église et de son harmonieuse nef.

Le déambulatoire est aussi la caractéristique des églises de pèlerinage et donne une idée de l'intensité dés le Haut Moyen-Âge de la fréquentation de cette église qui rivalisait sans doute avec celles de Lyon et de Vienne et dépasse celles d' Aix et d'Arles.


Enfin il faut remarquer l'élégant emploi en alternance de la pierre ocre de molasse et  le calcaire blanc  et l'usage d'arcs polylobés qui n'est pas sans rappeler les églises du Velay et de l'Auvergne et marque un goût certain pour l'influence "arabisante" propre à ces églises de pèlerinage.



lundi 6 avril 2015

Valence; le plus " dauphinois " des diocèses de la Drôme et l'église Saint-Jean.

Je termine ce  premier voyage dans la Drôme romane par la découverte de Valence à l'exception de son musée qui fera l'objet d'un prochain billet avant de traverser le Rhône en direction de l'Ardèche .

Valence est au cœur de l'ancien Dauphiné et son territoire entre le Rhône à l'ouest est les Alpes à l'est , la rivière d'Isère au nord reprend les limite du très ancien pays des gaulois Segovellauni . La ville est aussi une fondation romaine ancienne et le siège d'un des plus ancien évêché qui aurait été crée au IIIe siècle avec la venue du prêtre Félix et des diacres Fortunat et Achillée .
La ville occupera depuis le haut Moyen-Âge une place particulière dans la chrétienté avec la tenu d'un concile dans ses murs en 374.
Terre d'Empire jusqu'au XIIIe siècle la ville par sa position privilégiée au carrefour de nombreuses routes commerciales et de pèlerinages , connaîtra une très grande prospérité en particulier à l'époque romane où de nombreuses églises seront construites et auront un  grand rayonnement avant des destructions majeures pendant les guerres de religion .
La ville alors occupées par les protestants verra ses édifices presque entièrement détruit ou très largement dévastés avant que la période révolutionnaire n'ajoute une seconde vague de destructions .

Il ne reste donc plus de l'époque romane que la cathédrale Saint-Apollinaire et l'église Saint-Jean objet de ce billet.

Seul reste de l'époque romane l'imposant clocher-porche à quatre étages en pierre de molasse dont les trois portes d'entrée longtemps murées ont été réouvertes récemment permettant d'y découvrir de nouveaux chapiteaux.

Ce clocher percé sur deux étages de baies jumelles conserve encore des bandes lombardes et des corniches à feuillage . Il est intéressant de remarquer qu'il est un précieux témoin de ce que pouvait être le clocher-porche de la cathédrale voisine entièrement détruit et reconstruit postérieurement .



les portes ont été restaurées plus récemment mais conservent un beau registre sculpté d'origine en particulier les deux têtes de lions des chapiteaux de l'archivolte de la porte ouest, remarquable exemple de la sculpture dauphinoise très marquée par la grande " école viennoise" et que l'on retrouve dans de nombreuses églises de la région.


les autres chapiteaux sont fortement marqués par l'influence antiquisante mais sont de très belle qualité.



Deux chapiteaux cependant possèdent un intéressant décor historié
Sur le premier très effacé serait représenté la scène de Tobie capturant un poisson qu'il chevauche tenant dans sa main ce qui pourrait être un couteau. Sur la face extérieure un personnage difficilement identifiable pourrait être l'Archange Raphaël ou le père de Tobie aveugle se protégeant.
Cette scène se retrouve parfois dans la sculpture romane en particulier à Mozac et elle a aussi une lecture symbolique celle de l'homme ou de l'âme parvenant à maîtriser ses péchés.


Le second chapiteau est également remarquable  et attire le regard par sa qualité.Il représente un personnage dénudé, le corps enchevêtré dans des serpents avec un curieux bec d'oiseau . De sa main gauche il semble retenir l'un d' eux par la mâchoire.
L'interprétation habituelle consisterait à y voir une des multiple représentation de la luxure toutefois le chapiteau précèdent autorise une autre interprétation, car en effet il semble que ce soit davantage un homme qu'une femme qui est en lutte avec les serpents, en outre le geste de retenir l'un deux semble permettre de dire qu'il s'agit encore d'une représentation de la maîtrise du mal par l'homme .

Mais je laisse libre chacun d'apporter sa contribution et renvoie à l'excellent ouvrage de Gérald Gambier paru aux éditions de la Taillanderie sur le "Symbolisme dans l'art roman "