samedi 18 mai 2013

La vallée de la Moselle un lien entre la Lorraine et la Rhénanie.

Les vignes sur les pentes de la Moselle.
Je souhaite faire découvrir ici par quelques billets la vallée de la Moselle principalement entre la Lorraine jusqu'aux abords du Rhin à l'Abbaye de Maria Laach .
Ce voyage que j'ai entrepris il y a quelques années fut riches de multiples découvertes principalement en Allemagne qui est un pays peu visité par les français et recèle d'incontestables trésors .
Pour cette fois je n'aborderait pas les deux grands villes épiscopales que sont pour la première d'entre elle Trêves et sa suffragante Metz qui méritent toutes les deux une visite comparative particulière, ce sera pour une autre fois.
La Moselle à l'époque médiévale constituait une véritable unité territoriale , de cette terre dépendante du Saint-Empire Romain Germanique avec comme siège archi-épiscopale la puissante ville de Trêves fondation romaine comme sa petite cousine française Metz.
Située aux marches de l'empire romain elle a conservé toutes son importance à l'époque médiévale a la fois comme axe de circulation en lien avec la vallée du Rhin et son chapelet de grandes villes aux trésors romans incomparables .Pour l'instant il s'agira d'une visite souvent "flamandes" au cours des longues sinuosités de cette grande rivière qui serpente entre vignes et abrupts, forteresses et villages de carte postale et laisse parfois découvrir une église ou une modeste chapelle et souvent une belle surprise pour celui qui se prend parfois pour un explorateur d'une terre romane inconnue . Je joint ici quelques images de cette région à découvrir qui sont celles d'un simple touriste .
La forteresse de Cochem



Eltz
Le Leuk à Saarburg


Welhen

dimanche 12 mai 2013

Decouverte de la symbolique romane (2); Le tireur d'épine .

La visite de Grandson est l'occasion d'aborder ce thème qui s'il n'est pas spécifiquement roman à connu pendant cette période une faveur particulière pour la perdre plus tard puis la retrouver bien plus tard et en particulier au XIX ème siècle chez de nombreux sculpteurs .

Sa représentation la plus anciennement connue est un magnifique petit bronze aujourd'hui conservé au Musée du Capitole à Rome .
Plusieurs interprétations lui ont été donné, on y a vu en effet la représentation d'Asalon , fils de David, réputé pour sa grande beauté, pour d'autres il s'agirait d'un jeune berger Cneius Martius dépositaire d'un message urgent pour le Sénat et qui ne prit le temps d'enlever l'épine qui lui blessait le pied qu'une fois sa mission accomplie.
A l'époque médiévale la signification semble être tout autre il serait associé au mois de Mars, période du carême il serait alors un symbole de  pénitence arrachant l'écharde de la chair .
Mais nous l'avons vu pour Grandson que son association à d'autres personnages à caractères plus obscènes et provoquant et sa situation à l'ouest des édifices religieux aurait aussi un rôle de conjuration de forces maléfiques.
Assurément ce caractère obscène l'emporte aussi pour le tireur d'épine situé sur un des modillon du portail de Foussais-Payré dont on peut même voir qu'il montre a tous son anus .
Les représentations du tireurs d'épine sont peu fréquentes à l'époque romane on en retrouve aussi quelques illustrations dans l'ouest de la France comme au chapiteau de l'église Saint-Pierre de Melle ou au portail de l'église de Petit-Palais,  mais aussi en Corse au fronton de l'église d'Aregno et sur un petit tympan de l'église San Ambrogio de Milan en Italie, mais aussi sur un fragment de frise provenant de Cluny et conservé au musée de Cluny à Paris.
Aregno
Milan Sant Ambrogio


Cluny Musée de Cluny
Saint-Pierre de Melle
Grandson


Foussais-Payré
Petit-Palais



Le tireur d'épine de Grandson .

C'est sans doute le plus célèbre chapiteau de l'église inspiré de l'antique et qui par son ordonnancement est d'un grand effet .
Car en effet le personnage central voit son mouvement tout en souplesse et en mouvement accentué par la présence des figures aux angles , dont les têtes rondes et proéminentes rappellent des volutes d'angle et semblent soutenir le tailloir .
L'une de ces figures tire la langue ; l'autre se tient le ventre de ses mains posées l'une sur l'autre tandis que sur l'autre face un personnage grimaçant découvre ses cuisses.
souvent la présence de geste obscènes ou sous entendu est surprenant dans les églises romanes , leur présence à l'ouest ayant peut être une fonction de décourager les forces maléfiques de l'ouest et là encore sans aucun doute une origine fort ancienne et antérieure aux premiers chrétiens.


samedi 11 mai 2013

Les chapiteaux de Grandson .

Les chapiteaux de Grandson méritent un intérêt particulier tant par leur qualité que par la relative unité des thèmes abordés. En effet hormis quelques chapiteaux à motifs végétaux; la plupart abordent le combat du bien et du mal . Comme je l'ai indiqué au précédent billet les larges chapiteaux reposes tous sur des colonnes romaines et un large fut de pierre généralement sculpté.
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Je réserve bien sur un article particulier au très célèbre et savoureux chapiteau dit du " tireur d'épine" .
 Mais tout à coté on observe un autre chapiteau lui aussi de belle facture. Il  figure des masques infernaux desquels pendent leurs victimes la tête en bas , tendant désespérément les mains . La composition souligne adroitement la structure du chapiteau , la guirlande des bras les corps des victimes et les masques à chaque angle concourent à attirer l'attention sur le personnage central dressé au milieu de ce tumulte qui symbolise peut être les croyants exposés au danger maîtrisant les monstres qu'il semble aussi  tenir par les mâchoires .

Autre chapiteau symbolique de cette lutte perpétuelle celui de Saint-Michel pourfendeur du dragon, le corps serpentin de la créature se love sur la base du chapiteau , un séraphin lui tient la queue tandis que l'archange plante dans la gueule démesurée de la bête sa lance .

Le chapiteau suivant est en lien direct avec les précèdent , on y retrouve sur l'une des faces des êtres célestes et à coté d'un séraphin à six ailes trône Marie dans un geste très inhabituel de bénédiction .
Ce même geste se retrouve sur le personnage d'à coté qui lui est debout tenant un livre dans la main gauche tandis que le prêtre de la quatrième face à les mains jointes . Ce sont les inscriptions repeintes qui donne le nom du prêtre bénissant; Saint-Hugues qui serait d'ailleurs  Hugues de Chateauneuf, évêque de Grenoble qui fit un long séjour à la Chaise-Dieu plutôt que Hugues de Cluny.


Deux autres chapiteaux enfin à motifs animaux méritent l'attention, celui des aigles et celui des lions , les quatre lions sont représentés sur chacune des faces la tête tournée vers l'angle chacun d'eux posant une patte sur la croupe de celui qui le précède.Tous ces chapiteaux ont laissés à penser qu'ils pourraient être les œuvres d'artistes étrangers sans doute comme les architectes et sont hélas sans postérité aucune dans la région , il forment ainsi un ensemble tout aussi unique qu'exceptionnel .




jeudi 9 mai 2013

Grandson; haut lieu de la résistance à la Bourgogne .

Située sur les bords du lac de Neuchâtel, la petite ville de Grandson est le siège de la funeste défaite de Charles le Téméraire en 1476 devant l'infanterie des suisses confédérés après le massacre de la garnison de la forteresse encore bien visible; défaite qui sonnera la fin du miracle bourguignon du XV ème siècle.

Ironie de l'histoire, la fondation du prieuré de Grandson qui nous occupe ici est aussi une forme de résistance à l'influence de la Bourgogne dans la région et en particulier à la fondation clunisienne de Romaimôtier, ce qui explique que ses seigneurs aient voulu dés le XI éme siècle la soumettre non à Cluny mais à l'abbaye auvergnate plus éloignée de la Chaise-Dieu.
Sans doute crée sur une église antérieure, l'église actuelle située au centre de la ville est une réalisation de la fin du XII éme siècle dont la nef nous est seule parvenue, seule une partie fort dégradée de l'ancienne église est encore conservée.


L'église a conservé la forme d'une église-halle ses murs extérieurs sont étayés par des arcs-boutant et parcourus d'un motif de bandes lombardes, mais le plus intéressant est la visite de la nef large et voûtée d'un berceau continu en plein cintre .
En dépit de ses grandes arcades l'église ne reçoit aucune lumière directe , faits unique ou presque en Suisse est la présence de nefs latérales voûtées en plein cintre ainsi que d'une coupole à la croisée du transept mais aussi de l'emploi de colonnes romaines pour supporter les chapiteaux .



Tous ces éléments d'architecture très présents en Auvergne en particulier; concourent à la forte influence de cette région et peut être à la présence de maître en provenant pour la construction de cette église .

mercredi 8 mai 2013

Les fresques de Montcherand.

La modeste église de Moncherand, fortement remaniée au début du XXème siècle ne possède plus guère de l’époque romane que son chevet mais l'abside garde encore des fresques du XIIème de grande qualité et fort bien restaurées.


La base de ton bleus et bruns sur fond blanc est peu commune tandis que le thème représenté est lui fort classique dans l’art de la fresque romane.
Au cul de four on devine les reste d'un grand Christ dans sa mandorle entouré des symboles des évangélistes dont seul le taureau ailé nous est parvenu.

Au dessus du Christ, l'agneau pascal dont l'une des pattes est appuyé sur le Livre.


Au registre inférieur les douze apôtres conduits par Pierre dont la tête reste bien reconnaissable.
Une bande de rinceaux sépare le tétramorphe des apôtres où on peu lire une inscription partiellement complétée :

      "(ECC)E NOS RELINQVIMVS OMNIA (ET) SECVTI SVMVS TE QUID ERGO ERIT NOBIS
        AMEN DICO VOBIS IN REGENERACIONE SEDEBI(TI)S (DV)O (DECI)M 3

Extrait des parole de Matthieu 19,27 sv; Saint-Pierre demande " Voici que nous avons tout quitté et nous t'avons suivi, quelle sera notre part ? Jésus leur dit : en vérité je vous le dis, à vous qui m'avez suivi ; dans la régénération, quand le fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous siégerez vous aussi sur douze trônes ..."


Il faut aussi prendre le temps d'admirer les visages graves de chacun des apôtres qui adoptent chacun des traits et une expression différente, leur longues mains, les drapés des manteaux . Même si ces fresques ne sont sans doute pas celles de l'oeuvre d'un grand maître le rythme la coloration et la gravité des expressions laissent au visiteur une impression saisissante .